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Pigments sur bois. Nihonga

Ema et nihonga sur bois

J’ai découvert les oeuvres peintes sur bois lors de mon voyage au Japon en 2007.

Nous visitions alors le temple de Kotohira, situé sur l’ile de Shikoku; ce temple est connu pour être le plus ancien temple shintoiste au Japon.

Quand les peintures murales étaient au plus haut de leur popularité, des cloisons de bois et des portes étaient utilisées comme support et l’art peint devint une partie de l’architecture. Les panneaux de bois (plaques votives) appelés « ema 絵馬» qui étaient offerts au temple ou aux lieux saints pendant la période Edo, sont un autre exemple de peinture sur bois. Ainsi j’ai eu envie de reproduire à quelques détails près cet aigle sur plaque votive trouvée dans le temple de Kotohira.

L’origine des ema semble remonterait à à l’époque Edo Mais la plus ancienne mention remonte au XI eme siècle (Période Kamakura). Ema veut dire « Image cheval ». ce nom est relié à un passé lointain lorsqu’il était de coutume pour les riches seigneurs d’offrir un cheval comme une expression de gratitude lors d’un voeu ou d’une prière dans un sanctuaire. La pratique à évolué ensuite vers une représentation sculptée puis peinte de ces chevaux sur des plaques de bois  choisis parmis les plus belles les plus belles essences .  

Ema
Voilier

Plus tard les  sujets se sont diversifiés; ils pouvaient être choisis en fonction du Kami auquel était dédié le sanctuaire. Ainsi le kami de la mer pour Kotohira a inspiré aux artistes des superbes ema représentant des voilers voguant sur des vagues qui semblent animées par le mouvement de la ronce du bois.  

Ema Kompira san
 Lorsque le théâtre kabuki atteint des sommets de popularité, les temples recevaient des ema de l’école de peinture Torii. Cette école possédait un quasi-monopole sur la création de pancartes signalant les théâtres et les pièces de kabuki, et faisait également aux temples des donations de représentations d’acteurs de kabuki sur des planches de bois. Bien qu’elles représentent des sujets sans rapport avec la religion, ces peintures étaient bien reçues par les temples et intégrées à leur décoration..
 Entreposées dans un espace du sanctuaire souvent ouvert à tous vents, les ema antiques souffrent de l’exposition au soleil et au vent et sont souvent très altérées, ce qui leur confère une dimension particulièrement touchante. Parfois seuls les pigments blanc ont résités aux atteintes du temps, et il ne reste alors au passant qui s’interrogerait (ce qui fut mon cas lors de mon dernier voyage) qu’à deviner l’image sur la base d’un « fantome d’image ». Heureusement il existe des collectionneurs et des restaurateurs bien que rares, qui veulent les conserver.
 Aujourd’hui les ema sont plus connues pour être des offrandes sous la forme de petites plaques en bois peintes au pochoir, sérigraphiées ou pyrogravées, au dos duquel on écrit son voeu qu’on accroche parmi les autres dans un lieu dédié, pour être plus tard brulées au cours d’un rituel annuel. Pour en savoir plus sur les ema, L’article de André Leroy-Gourhan et sur le shintoisme
Ema
Morita Rieko

Ce ne sont pas des ema mais elle furent réalisées pour un temple à Kyoto avec toujours cette amour de la beauté des matériaux: Rieko Morita est une des rares femmes spécialiste du Nihon-ga sur panneaux de bois; elle  s’est vu décerner l’insigne honneur de décorer 4 panneaux de fusuma  du pavillon résidentiel du temple Rokuon-ji de Kyoto. Ces portes coulissantes en bois peintes avec des pigments minéraux sur un cyprès pluricentenaire avaient été démontées à l’occasion de son exposition à l’espace Mitsukoshi à Paris  en 2009.

 Personnellement j’aime travailler sur de vieux panneaux de chêne que je grise à la chaleur et dont j’ouvre les pores avec une brosse métallique. Cela nécessite cependant des panneaux d’une certaine épaisseur, car ils se voilent sous l’effet de la chaleur. Le bois est ensuite nourri en deux ou trois couches de dosa.On peut j ouer avec les veines du bois en transparence ou choisir l’opacité. Cependant il est nécessaire de disposer de pigments assez lumineux tels que les pigments minéraux. Nous ne disposons pas en France, d’essences de bois aussi intéressantes que celles trouvées au Japon, mais le chêne pour peu qu’il aie de belles ronces offre au motif peint une noblesse appréciable.

Guerrier japonais et Oni
L'hermine
 Ci dessus, un assemblage de vieilles planches forment un support idéal pour cette interprétation d’un personnage emblèmatique des légendes japonaises. Ici sur une porte de meuble décapé chiné en Bretagne, j’ai peint une petite hermine, prenant soin de laisser apparente la ronce sur le corps de l’animal. Le blanc du gofun se prête à merveille au jeux de transparence avec le bois. Symbole national Breton, l’Hermine se retrouve partout en Bretagne. On dit que le choix de l’Hermine remonte au temps où une blanche hermine fut vue en forêt, poursuivie par un chasseur ou un autre animal. L’Hermine se trouvait devant une mare de boue, et pour échaper à son prédateur, elle fut obligée de traverser la mare. Mais elle a préféré se faire tuer plutot que de souiller son blanc pelage.
Lucy in red
 Une inconnue était entrée dans mon atelier, et voyant ce renard peint, elle m’avait raconté son histoire: Elle se promenait seule en montagne dans une forêt, et tout en grimpant elle sentait un sentiment de solitude l’envahir. C’est alors qu’elle entend des mots dans sa tête « Non, tu n’es pas seule! » C’est alors qu’elle le vit: debout, immobile sur un rocher, il la regarde. Un renard

Cet article a 2 commentaires

  1. Odile Marchi

    Merci Valérie pour vos chroniques artistiques et culturelles que je lis toujours avec intérêt.
    J’adore le personnage de l’archer devant l’arbre.

    Amicalement

    Odile

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