En 2012 au cours d’un voyage au Japon , je découvrais les oeuvres de monsieur Moriyama Tomoki artiste nihonga, enseignant et conférencier; professeur à l’Université des Sciences et des Arts de Kurashiki, qui me fit l’honneur de me recevoir dans son atelier à Okayama et de me présenter ses oeuvres réalisées pour le temple kyakuden-Ji à kurashiki, C’est un souvenir inoubliable, le privilège d’une visite guidée par un artiste aux qualités humaines doublées d’une conscience écologique rare.
Moriyama sensei présente son enseignement qui est aussi le résultat d’années de recherche dans un livre présenté sur son site. Il reprend par ailleurs de nombreux articles autour de la peinture traditionnelle japonaise, pas à pas et cours ainsi que des articles présentant des artistes et des expositions.
Son oeuvre qui s’attache de manière traditionnelle à célébrer la nature et les saisons reflète son âme. Une vision que l’on peut dire classique, portée par son amour des éléments, en particulier de l’eau. Celle qu’il utilise comme véhicule pour ses pigments est de l’eau de source puisée dans les montagnes où il vit.
J’avais également découvert l’oeuvre qu’il avait réalisée avec l’aide d’une équipe de scientifiques spécialisés dans la restauration d’art dans le cadre d’une recherche sur le byobu en deux panneaux ” Pruniers blanc et rose ” de Korin Ogata (1658–1716) .
Cette oeuvre réalisée probablement à la fin de la carrière de Korin Ogata, c’est à dire au début du 18 ème siècle, présente deux pruniers du Japon dont les branches vigoureuses sont ornées de discrètes fleurs blanches et rouges . Le prunier rouge au large tronc pourrait symboliser la jeunesse et la force, l’arbre au tronc mince et aux délicates fleurs blanches (symbole de sagesse?) avec ses branches retombantes pourrait symboliser un age avancé, enfin apaisé. Au milieu le flot noir d’une rivière aux harmonieuses ondulations pourrait représenter le mouvement de la vie.
A propos de la forme du motif on retrouve tout le talent du créateur Ogata Korin issu d’une riche famille d’artisans dans le textile. Sur le plan technique les troncs des arbres sont de très beaux exemples de tarashikomi sur fond de feuille d’or. Le flot central a une origine plus mystérieuse; et les recherches effectuées sur ce motif ont amené les scientifiques à supposer que ce flot est réalisé grâce à l’utilisation de feuille d’argent et de souffre, le souffre oxydant l’argent, le motif reste en réserve grâce à l’utilisation de dosa.
Ces dernières années, Moriyama San a continué à explorer le motif de l’eau comme l’avait fait Korin Ogata avec diverses techniques artistiques (dont la céramique).
Parmi ses recherches, j’ai remarqué ses nouvelles interprétations de la technique argent et souffre que je vous propose de découvrir.
Son éléphant près d’un cours d’eau nous rappelle une oeuvre d’Itō Jakuchū. Ses recherches sur le motif de l’eau enrichissent une très ancienne tradition autour de la représentation des vagues et de l’eau vive. Particulièrement appréciés pour la beauté et l’élégance de leurs courbes, il évoquent l’air pur et les émotions fluctuantes.
Au cours des stages que j’organise je propose de découvrir cette technique surprenante. Technique qui demande un motif très graphique et bien choisi ainsi qu’une certaine adresse pour poser le dosa presque à l’aveugle.
Voici une vidéo qui présente les réalisations d’élèves.
Cette technique nécessite des temps de pause longs pour le séchage de la feuille d’argent et son oxydation. Pour en savoir plus vous pouvez vous inscrire à un de mes stages dont vous trouverez les dates ici.